J'ai lu par hasard cette BD, publiée en 2001 par un auteur français vivant au japon. Ici il ne s'agit en aucun cas de manga (je lis très peu de mangas - à la différence de mon chéri ou d'une de nos filles - n'ayant découvert que très tard ce genre, dont les modalités narratives et types de dessins me déroutent et ne m'accrochent pas assez, à mon grand regret). 
Ici nous sommes entre la BD et le roman graphique. L'auteur utilise à l'évidence des dessins réalisés à partir de photos, le tout (re)travaillé sur informatique. Il en résulte des images qui ont le réalisme du roman-photo.

D'histoire il n'y en n'a pas vraiment, c'est un récit d'ambiance, avec très peu de mots, un point de vue subjectif, où l'on observe la jolie Yukiko à travers les yeux de l'auteur narrateur, dans leur intimité sensuelle ou dans des décors typiquement japonais, intérieurs feutrés ou extérieurs urbains dont l'atmosphère est très bien captée. Une relation légère, superficielle mais tendre, il n'est pas question d'amour ici mais d'une rencontre pendant un temps donné et puis chacun repart de son côté, sans s'être attaché, comme si déjà un(e) autre avait pris la place.  

Sur la forme, je dois dire d'emblée que je ne suis pas du tout 'preneuse' du style et de la technique dessin/photo. Je n'en vois pas bien l'intérêt, et malgré toute la virtuosité de l'auteur, j'ai eu la désagréable sensation de voir des photos transformées en dessins comme le font maintenant toutes les appli type photoshop. Le rajout de croquis entre les planches n'apporte rien de plus à l'histoire, juste une 'respiration' visuelle entre les plans très serrés. Par contre ce qui m'a le plus intéressé c'est sans doute le découpage des plans, façon caméra subjective où le sujet est filmé au plus près. J'ai eu l'impression de voir ces vidéos intimes, où un homme capture par l'image chaque détail du visage, chaque expression, chaque pose du corps de sa belle. Mais comme je le disais plus haut, point de sentiment ici, Yukiko reste uniquement dans l'histoire un "modèle", le sujet de la BD, et quand elle part, une autre semble pouvoir la remplacer, comme si elle n'était qu'une japonaise à tee-shirt rayé parmi d'autres. Elle n'est pas non plus victime ou poupée, puisque c'est elle qui prend l'initiative de partir. Au terme de la lecture, je me demande encore si l'auteur a voulu dire quelque chose de lui, ou plus généralement du rapport entre muse et artiste, s'il y a message derrière tout ça, ou si c'est juste un peu creux...

Après ma lecture j'ai confronté mon ressenti aux critiques du net, et constaté à mon grand étonnement que celles-ci sont quasi toutes enthousiastes, parlant d'un style graphique prodigieux et d'une histoire romantique. 

Bon... Si vous avez lu cette BD ou en avez l'occasion, j'attends vos points de vue !