dimanche 3 juillet 2016

Cupcakes

Plusieurs personnes m'ont demandé la recette de cupcakes que je fais assez souvent (ou que font mes enfants). Elle est toute simple mais donne de très bon résultats. 




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Pour une douzaine de cupcakes :

- 100g de sucre
- 90g de beurre (à température ambiante)
- 150g de farine
- 2 œufs
- ½ sachet de levure
- 1 sachet de sucre vanillé (ou une c. à soupe rase d'arôme vanille)

Préchauffer le four à 180°C
Battre le beurre avec le sucre afin d’obtenir une pommade onctueuse, rajouter les œufs, enfin la farine, la levure et le sucre vanillé/arôme.
Ajouter les pépites de choco, ou les fruits.
Disposer des caissettes dans un moule à muffin et les remplir au trois quart. 
Laisser cuire 20-25 minutes selon votre four. Ils doivent être bien dorés dessus.
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En version classique, aux pépites de chocolat (ou avec un morceau de Côte d'Or au milieu), ou en version estivale au fruits : avec des groseilles (dont on ne sait jamais trop quoi faire) c'est fabuleux, ou encore des framboises, des abricots, et en fin de saison de bonnes mûres.

Personnellement, j'évite d'ajouter un 'topping' car même si c'est joli c'est surtout un ajout inutile de calories et le risque qu'on ne sente plus bien le goût du gâteau. Pour soigner la présentation on peut, si on aime ça, mettre un peu de chantilly et un petit fruit ou quelques copeaux de chocolat.

Il est possible d'utiliser de l'édulcorant pour remplacer le sucre, plutôt en partie qu'en totalité, car l'édulcorant qui tient à la cuisson est - dans mon expérience - l'édulcorant liquide (type Hermesetas), du coup même si le goût est tout à fait satisfaisant (personne ne s'aperçoit jamais que j'en utilise) la texture n'est pas la même. C'est très intéressant par contre pour des préparations comme les crèmes, flans, tiramisu, etc. A chacun d'expérimenter.

Bon appétit ;)


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samedi 18 juin 2016

The Danish Girl / Tom Hooper (2016)



The Danish Girl retrace l'histoire d'amour de Gerda Wegener et Lili Elbe, née Einar Wegener, artiste danoise connue comme la première personne à avoir subi une chirurgie de 'réattribution sexuelle' en 1930. Le film est basé sur une histoire vraie, tirée du journal de Lili Elbe.

Au départ, le couple d'artistes peintres mène une vie classique. Einar commence à connaître un beau succès tandis que son épouse Gerda peine à se faire connaître. Le couple est amoureux, tout semble bien fonctionner, ils partagent une vraie complicité, le seul soucis étant que le couple n'arrive pas à avoir d'enfant. 

Gerda, qui a besoin d'un modèle féminin, propose à son mari de se travestir et de poser pour elle. Le couple s'amuse à faire naître le personnage de Lily, et ils sortent même ainsi en société, présentant Lily comme la cousine d'Einar. 


Mais pour Einar il ne s'agit pas d'un jeu. Il réalise que Lily est ce qu'il est depuis toujours, mais qu'il a du enfouir au plus profond : une femme. Au décours de cette prise de conscience bouleversante, il/elle traverse une période de mal-être physique et psychique intense. Gerda souffre de perdre peu à peu celui qu'elle aime, mais elle accompagne Lily et reste constamment à ses côtés, notamment contre les médecins de l'époque qui voient en elle/lui un pervers ou un fou à interner. Les rôles s'inversent aussi, Gerda devenant peintre à succès grâce à ses portraits de Lily, qui elle renonce à la peinture. 



Esthétiquement, le film est sublime. Les couleurs, la photo, les décors, les costumes...  chaque plan est parfait, comme un tableau classique. Bien que le scenario ne présente guère de rebondissements et manque parfois un peu de rythme, je ne me suis pas ennuyée. La temporalité est parfois un peu compliquée, car il faut faire tenir dans la durée d'un film une évolution psychologique forcément lente et complexe. Mais les acteurs tiennent très bien leurs rôles, leur charisme et l'évolution de leur relation suffit à captiver l'attention. 

Pourtant entre une musique qui en fait des tonnes, et un sujet qui s'y prête, moi qui suis plutôt émotive et qui ai la larme facile, je n'ai pas été vraiment touchée par le film

J'ai l'impression d'avoir été en quelque sorte fascinée par l'esthétisme de l'ensemble et le jeu d'Eddie Redmayne. Un jeu qui laisse une impression étrange. Il a le physique (trop ?) parfait pour se fondre dans le personnage de Lily, mais ses sourires à tout propos et ses minauderies m'ont agacée. Pourtant il semble peu probable que l'acteur surjoue par maladresse. Lily est donc volontairement caricaturale, surtout en comparaison de Gerda, qui incarne une femme 'moderne' pour son époque. Mais c'est plutôt logique : Lily se découvre femme comme une adolescente, qui va passer des heures à se regarder dans la glace, à prendre des poses, à essayer des vêtements et du maquillage. On se déguise en femme, on la joue avant d'en être vraiment une, on intègre les stéréotypes avant de pouvoir en faire autre chose pour être vraiment soi. Ceci d'autant plus dans une société bourgeoise du début du siècle, tellement rigide dans sa dichotomie sociale des genres. 

Lily n'aura malheureusement pas le temps de vivre pleinement et de construire son identité retrouvée. 
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jeudi 16 juin 2016

"Arrête de me parler sur ce ton - Comment réagir" / Dr. P. Huerre, L. Delpierre

  


Ce livre au titre très évocateur pour tous les parents d'ados se présente comme un petit poche très simple d'accès et qui se lit rapidement. On y trouve rappelés en quelques chapitres clairs et succints les principaux comportements problématiques et sujets de tensions qui opposent quotidiennement les ados et leurs parents. On reste ici dans le champ du 'normal' et pas dans celui des conduites vraiment pathologiques de jeunes en grande souffrance. 

Un parallèle constant est fait entre les comportements de l'adolescent et celui du petit enfant qu'il fut, notamment dans la période dite "d'opposition" vers 2/3 ans. Il est ainsi rappelé aux parents une évidence : l'éducation est une affaire au long court, et les limites doivent être mises à l'enfant le plus tôt possible sous peine que l'opposition "normale" de l'adolescence ne dérive sévèrement. 

La société ne fournit plus de "modèle parental" unique et rigide comme dans le temps. C'est tant mieux, mais du coup chaque famille doit construire ses propres normes, en fonction de l'histoire éducative de chacun des parents, du milieu social, et de la masse d'informations souvent contradictoires que nous renvoient les médias, les réseaux sociaux, etc. L'enfant puis l'ado cherchera forcément à profiter de cette brèche, de la culpabilité des parents qui veulent être aimés avant tout et ne pas passer pour des "vieux cons".

Pourtant, l'enfant a besoin de règles du jeu bien claires pour se sentir en sécurité. Il fait son "travail" d'ado en questionnant et testant le cadre, mais ne cherche jamais en réalité à gagner les bras de fer qui s'engagent, et se sent coupable lorsqu'il va trop loin parce que ses parents n'ont pu tenir le cadre. 

Il est rappelé aussi combien nous parents sommes des modèles. Nos propres débordements émotionnels, nos colères, nos moments d'abattement ou d'agressivité (tant qu'ils restent ponctuels) montrent à nos ados que nous sommes comme eux, humains, imparfaits. Qu'aller bien ce n'est pas non plus être tout le temps heureux et en super forme. Notre façon de pouvoir en parler, de nous réconcilier après les disputes, de relativiser sans dénier, de nous excuser de nos erreurs, de faire face comme le roseau qui plie mais ne rompt pas, et de trouver des ressources pour rebondir sont autant de messages importants. 

Les sujets de disputes classiques (rangement, hygiène, école...) sont décrits comme des incontournables, une sorte de "petit théâtre" où chacun connait son rôle, ce qui est bien rassurant. La question qui se joue est celle de l'autonomisation progressive, qui est aussi complexe pour le jeune que pour les parents, chacun pris dans le paradoxe de vouloir cette autonomie mais de la redouter en même temps. Les auteurs parlent de la difficulté des parents actuels qui doivent trouver le juste milieu entre les règles rigides de l'éducation d'antan et la mode récente du "tout expliquer sans imposer", qui met l'enfant à la même hauteur que ses parents sans lui fournir un cadre rassurant. Ce juste milieu - surtout avec des ados - est dans la capacité à expliquer nos peur, nos doutes, nos points de vue et à poser ensuite une consigne, une limite claire. "Si je te demande ça c'est parce que je pense/ressens que..." et non "parce que tu ... es trop/ne sais pas...". Tu as le droit de ne pas être d'accord, mais c'est comme ça.

Le livre revient aussi sur le besoin naturel de l'ado de se fondre dans sa communauté et de se différencier des parents par ses vêtements, son langage, ses centres d'intérêt ; le jeune a besoin de parents avec qui avoir de vraies conversations de fond au-delà des banalités de la routine quotidienne, mais n'a aucune envie de parents "copains" faisant preuve d'un "jeunisme" pathétique. Il est aussi évoqué la tendance des ados, comme des petits enfants, à cliver le couple, à en tester les failles en cherchant à faire alliance avec l'un des parents contre l'autre.

Les ados se questionnent sur le sens du monde, expriment des idées qui peuvent nous sembler un peu naïves ou manichéennes, lancent parfois des attaques sur nos opinions, nos choix qu'ils questionnent ou contestent. Ces piques peuvent agacer ou même blesser car elles sont souvent faites sans recul par un ado qui ne se rend pas compte de l'impact de ses paroles. De même qu'on ne re-mord pas un petit enfant pour lui expliquer que mordre est interdit, le parent est invité à ne jamais blesser à son tour l'ado en répondant sur un même niveau d'agressivité, ou par la moquerie et l'ironie. Il est tellement facile et tentant de "casser", d'humilier un jeune qui prend des airs supérieurs et méprisants. Par contre il ne faut pas non plus refuser, éviter ou rompre ce dialogue que l'ado tente maladroitement d'instaurer, et toujours lui montrer qu'on accorde de l'importance à ce qu'il pense, à qui il est en tant que personne différente de nous. C'est en "joutant" verbalement avec nous, en terrain familier et sécure, qu'il fait ses armes pour développer sa pensée et sa représentation du monde. En nous blessant, il cherche non pas à nous nuire mais à tester nos réactions, et notre réponse lui servira de modèle. Etre touché mais "survivre" narcissiquement, savoir faire la part des choses entre les mots et l'intention, entre langage et réalité, réagir en posant des limites fortes mais sans blesser en retour, répondre à la haine par de l'amour inconditionnel mais sans tolérer l'agressivité verbale, être un exemple de réaction "mâture".

Au total, ce petit livre n'explique rien de nouveau et il me semble que tout parent soucieux de comprendre et d'accompagner sa progéniture aura déjà ces notions. Mais parfois une petite piqure de rappel ne fait pas de mal et aide à (re)prendre du recul, afin de passer au mieux ce cap difficile mais tellement passionnant de l'adolescence. Ici pas de langage psy compliqué, ni de recettes miracle, on reste dans des idées générales. Par contre le livre n'aidera pas vraiment les familles où les problèmes relationnels se sont enkystés.
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lundi 13 juin 2016

"The Stanford Prison Experiment" / 2016

Je viens de commencer la lecture de "L'effet Lucifer / Du décrochage du sens moral à l’épidémie du mal" de P Clervoy (2013). Dans cet ouvrage, l'auteur, psychiatre, cherche à comprendre comment un homme ordinaire peut devenir dans certaines circonstances, un bourreau. Il note :

"L’emprise du mal fonctionne comme une mécanique. L’analyse de cette machine à fabriquer de la cruauté commence par deux constats. Le premier est la soumission à l’autorité démontrée par Stanley Milgram. Le second est la tendance à la cruauté qui peut se manifester en chaque individu, pour peu que les événements l’y poussent : c’est l’effet Lucifer observé lors de l’expérience de Stanford  et ainsi nommé par Philip Zimbardo."

Et l'auteur dans le premier chapitre de proposer une description minutieuse de chacune de ces deux expériences célèbres de psychologie sociale. Je venais de voir le film "Experimenter" sur celle de S. Milgram - dont je vous ai proposé récemment la critique, et je constatais avec étonnement qu'est sorti également cette année un film sur l'expérience menée par Zimbardo.


En résumé : En 1971, pour étudier expérimentalement les comportements de révolte et d'opposition, le psychologue P. Zimbardo va reconstituer dans son service des locaux de prison et recruter 20 étudiants volontaires et payés. Par tirage au sort, la moitié devront jouer le rôle des prisonniers, l'autre moitié le rôle des gardiens. Tout est filmé, et tout est fait pour recréer une véritable atmosphère carcérale. Il s’agit de reproduire, dans les conditions les plus réalistes possibles, les mouvements psychologiques individuels et collectifs au sein d’une prison. L’observation est prévue pour se dérouler sur quinze jours. Sauf que l’expérience dérape, au point d'être stoppée au bout de seulement six jours. La personnalité des détenus s'était totalement effondrée après seulement trois jours, tandis que symétriquement les gardiens sont devenus de plus en plus hostiles, appliquant brimades physiques et humiliations sexuelles sans la moindre auto-critique. Zimbardo lui-même, pris à son propre jeu, laisse faire et même encourage ces dérapages qu'il n'attendait pas à ce point et donnent tellement d'importance à son travail. Son sens moral (ou sa peur que tout lui échappe ?) finira par se réveiller péniblement sous l'influence d'une de ses étudiantes qui deviendra sa femme.
















"The Experimenter" et "The Stanford Prison Experiment" sont des films cinématographiquement tout à fait différents voire opposés. Autant le premier proposait à la fois une explication très didactique de l'expérience, commentée par son auteur lui-même, et un dispositif de mise en scène original voir déroutant dans la forme, autant ce film de K.P. Alvarez se veut très réaliste, un peu à la façon d'une télé-réalité (dont le dispositif expérimental est étrangement proche) mais avec une image assez léchée et vintage. Ici on est directement plongé dans l'expérience sans aucune idée de ses prémisses, des hypothèses testées (d'ailleurs un collègues de Zimbardo lui fait remarquer que l'on est plus proche d'une simulation que d'une expérience scientifique). Il n'y a pas de commentaires off, rien qui permette d'avoir un point de vue extérieur, l'aspect "scientifique" est au second plan.

Le point commun - outre la reconstitution de l'ambiance 70's - est ce questionnement sur la personnalité de l'experimentateur qui "joue à Dieu", ses buts, son détachement et son narcissisme évident derrière des allégations de recherche "pour aider les gens". Avec toujours cette incroyable mise en abîme et la question de l'éthique de ces expériences de psychosociologie : jusqu'où peut-on aller pour démontrer des phénomènes certes aussi important que passionnants.

A noter que l'expérience de Stanford a déjà été adaptée en film dans "L'expérience", version allemande (2001) puis remake US (2011) à découvrir pour comparer.

"The Stanford Prison Experiment" est bien filmé, bien servi, les acteurs excellents, les fans reconnaîtront Ezra Miller (à voir EVIDEMMENT en VO), mais le film se déroule sans surprise dans son crescendo terrible, nous laissant un peu sur notre faim quand tout s'arrête brutalement. Pour moi donc une bonne illustration d'une expérience qui mérite d'être mise en perspective comme le fait P. Clervoy dans son ouvrage que je ne manquerai pas de chroniquer lorsque je l'aurai terminé.
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dimanche 12 juin 2016

Pars avec lui / Agnès Ledig (2014)



Voilà un livre que j'ai lu aujourd'hui d'une traite, après l'avoir vu passer sur le facebook de plusieurs copines qui en avaient pensé beaucoup de bien à l'évidence. Je ne m'étais pas du tout "spoilée" sur le contenu, et j'avoue que j'appréhendais un peu un livre à l'eau de rose, ou quelque chose du style Musso/Levy, qui ne sont pas (et pourtant j'ai essayé...) ma tasse de thé.

Les premières dizaines de pages m'ont laissées un peu dubitative, j'avais du mal à entrer dans l'histoire, ou plutôt l'absence d'histoire. De même que le style, pas mauvais mais très simple. Mais l'intérêt du livre est ailleurs, dans ses personnages et leurs trajectoires de vie.

L'auteure dresse tout au long du livre un portrait psychologique délicat de Juliette, une héroïne du quotidien, une infirmière qui sait irradier ses patients de sa profonde humanité, mais qui s'est perdue dans une relation conjugale mortifère avec un 'parfait' pervers narcissique. Le fonctionnement - hélas tellement stéréotypé - de ce 'loup', de ce 'requin' est très bien décrit. Par un chemin fait de détours, Juliette rencontrera son Roméo, incarnation de la résilience. D'autres personnages touchants accompagnent Juliette sur le chemin de la libération, du respect et de l'amour de soi.

Point ici donc de grande littérature, mais le style simple est agréable. L'histoire est assez cousue de fils blancs, et l'on n'échappe pas toujours à l'impression d'être dans un téléfilm made in TF1. C'est un livre très accessible, presque didactique, qui parle directement au coeur et qui a été visiblement écrit dans le but d'aider toutes les personnes prisonnières de vampires affectifs ou bloqués dans la vie à cause d'évènements tragiques ou d'un passé douloureux. En cela il atteint parfaitement son but. Au travers de personnages attachants, il pose des questions de fond sur les choix de la vie, ses méandres et la reconstruction toujours possible en restant tourné vers l'avenir, agissant au final comme un baume à l'âme pour ceux qui en ont besoin...


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jeudi 9 juin 2016

Tombée du nid

"Tombée du nid" est un livre-témoignage, écrit par Clothilde Noël, pour raconter les deux ans de combat menés avec son mari pour aboutir à l'adoption de Marie, une petite fille trisomique pupille de la Nation. 



Le couple Noël présente en effet un profil "atypique" à l'adoption : ils sont déjà parents de 6 enfants rapprochés. Clothilde a toujours porté dans son coeur le projet d'adopter un enfant, et le couple souhaite accueillir un enfant handicapé, conscient de la chance qu'il a eu d'avoir de nombreux enfants en pleine santé. Clothilde est croyante, elle en parle explicitement dans le livre, mais sans aucun prosélytisme et son projet, s'il est porté par cette foi, ne saurait s'y résumer. Mais voilà, même face à un couple à l'évidence équilibré - dont le projet d'adoption est tout sauf une lubie et s'inscrit dans un chemin de vie tout à fait cohérent - les proches, la société et surtout les professionnels (psy et travailleurs sociaux) chargés de les évaluer pour leur accorder le fameux agrément, tout le monde semble en proie à une très grande incompréhension, qui va jusqu'au mépris ou à l'humiliation. Vouloir autant d'enfants et puis souhaiter adopter un trisomique... il y a forcément quelque chose de bizarre chez eux ! Il faudra deux ans d'épreuves, de rendez-vous en commissions pour parvenir à convaincre et finalement accueillir une petite fille pour laquelle, de toute façon, aucune autre famille ne s'était proposée.

Le livre est bien écrit, il se lit facilement, le style est sobre, plein d'émotion mais sans pathos. On y cherche un peu la fameuse explication, le "pourquoi" si souvent demandé aux Noël. On ne la trouve pas, en tout cas pas de façon intellectualisée. La réponse c'est juste "parce que". C'est le projet de vie de Clothilde, une histoire d'amour, mais elle explique bien que ce n'est pas non plus un projet abstrait et préconçu. Il s'est construit jour après jour comme une évidence. 

Du coup la lecture de ce témoignage nous renvoie à nos propres préjugés. Ce n'est pas parce que nous n'imaginerions jamais prendre ce chemin qu'il n'est pas celui d'autrui. La société est tellement normative : choisir le célibat, ne pas vouloir d'enfant, n'en avoir qu'un ou plus de trois... tout cela suscite au mieux curiosité et questions, au pire jugement et rejet. La position des professionnels est complexe, car ils représentent qu'ils le veuillent ou non cette société et dès lors qu'il est question de famille, l'intérêt de l'enfant est hélas le prétexte à se retrancher derrière la peur et les idées préconçues. Je pense évidemment dans un autre registre aux inquiétudes suscitées par l'adoption par des couples homosexuels. Et oui, moi la première, les familles (catho ou pas) "très" nombreuses... j'avoue que ça me pose question. Comme toutes ces situations familiales où l'on se demande dans quelle mesure le choix atypique des parents ne s'impose pas à des enfants qui n'ont rien demandé. Mais au fond il est impossible de faire des généralités. Le bonheur des enfants ne dépend pas directement de ces choix mais de l'ensemble du contexte psycho affectif dans lequel il vont évoluer. 

Un livre à lire donc, pour élargir notre horizon et réfléchir plus largement sur nos propres tendances à juger. Les bénéfices du livres sont reversés à l'association "Tombée du nid" : http://tombeedunid.fr/boutique.html

Vous pouvez retrouver cette étonnante famille sur sa page FB : https://www.facebook.com/tombee.dunid.fr?fref=ts


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mercredi 8 juin 2016

Madoff (2016)


Je vous recommande chaudement ce téléfilm en plusieurs parties, diffusé en début d'année sur ABC. Il s'agit d'un biopic très réussi du plus célèbre escroc en col blanc des temps modernes : Bernard Madoff. On a tous entendu parler de ce personnage qui a été président du Nasdaq mais qui en réalité avait monté un formidable système de fraude basé sur le système 'classique' de la 'chaîne de Ponzi'. Grâce à son charisme manipulateur, il se voyait confier des sommes d'argent très diverses, depuis le petit épargnant qui ignorait que son fond de pension était 'géré' par Madoff, jusqu'aux plus grandes fortunes mondiales. En 2008, la crise vient tout bouleverser, les actionnaires demandent à récupérer leur mise, c'est l'effondrement du système et la révélation de l'immense escroquerie. De nombreuses personnes sont ruinées. Madoff est arrêté et condamné à plus de 150 ans de prison. 


Le téléfilm est rythmé, intéressant, très bien filmé, les histoires financières clairement expliquées, et l'interprétation de R. Dreyfuss est magistrale. L'hypothèse psychologique de la revanche d'un petit garçon pauvre sur l'insupportable humiliation vécue par son père sert de trame de fond au portrait d'un personnage complexe, qui s'est façonné une façade de respectabilité et une famille qui semble unie, mais qui depuis le début de sa vie professionnelle a construit un immense mensonge, brique après brique, sans retour possible en arrière. Un mensonge qui le ronge et auquel il consacre toute son énergie, mais qui l'excite et lui donne un sentiment de toute puissance et un cynisme à toute épreuve, même après son arrestation. Regret et culpabilité ne sont pas sentiments auxquels puisse accéder cette personnalité narcissique. Sa chute entraînera aussi celle de toute sa famille, de la façon la plus tragique.


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lundi 6 juin 2016

"Experimenter" / The Stanley Milgram Story (2016)


 
Il y a plus de 20 ans, pour l'étudiante 'naïve' en première année que j'étais, le cours de psychosocio était sans doute le plus intéressant, et le recit de l'expérience dite de "Soumission à l'Autorité" de Stanley Milgram reste gravé dans ma mémoire. 
D'abord évidemment par son enseignement sur la façon dont le contexte est un (voire le) déterminant majeur de nombreux comportements humains, bien plus que des dispositions internes, individuelles dites de personnalité.
Ensuite par le lien explicitement fait par Milgram (du fait de son histoire familiale) entre les résultats de ses travaux et les évènements tragiques de la 2nde guerre mondiale, et plus largement la question de ce qui peut amener n'importe quel être humain 'lambda' à torturer voire tuer son prochain si le contexte s'y prête. En l'occurence lorsqu'une autorité, ici scientifique, perçue comme légitime et assumant toute la responsabilité, demande à un individu de prendre part à une expérience décrite comme importante pour la Science et recquierant sa collaboration. Loin d'être des psychopathes sans coeur, les individus exécutent avec un très grand inconfort la tâche demandée (infliger des chocs électriques douloureux à autrui), mais 65 % d'entre eux vont jusqu'au bout de l'expérience, alors qu'ils peuvent penser que les chocs ont pu tuer le cobaye. 
Les expériences de psychosociologie comme celle de Milgram ont forcément fait polémique à l'époque, et seraient difficilement reproductibles de nos jours, car elles posent la question éthique de la manipulation des sujets. En cela, et par leur portée politique, elles parlent aussi d'une époque foisonnante dans le domaine de la recherche en psychologie, dont sont issus de nouveaux courants cliniques et psychothérapeutiques, alternatifs aux  anciennes théories psychanalytiques, et basés sur les découvertes expérimentales sociologiques, systémiques, neuropsychologiques, etc. Il y avait tout à inventer et un monde à refaire dans les années 60/70 !
C'est de cela dont parle ce film, qui donc rien que pour cette raison mérite d'être vu. Mais le sujet réel du film ce n'est pas tant l'expérience que l'expérimentateur (d'où le titre). Le narrateur est Milgram lui-même, incarné par P. Sarsgaard, que j'ai trouvé charismatique même si paradoxalement enfermé dans le rôle d'un personnage froid, obsessionnel, qui explique face caméra de façon tout à fait factuelle ses travaux, son histoire, sans que l'on parvienne à percer la carapace du chercheur pour y trouver l'être humain ou ses motivation profondes. Il n'est pas non plus franchement antipathique, il est ... neutre, comme tout bon chercheur. Son épouse est jouée par Winona Ryder, elle l'accompagne dans ses recherches et bien sûr sa vie personnelle, introduisant un tiers dans cette histoire, qui permet de mettre en parallèle la relation très froide du chercheur envers les sujets de ses expériences, et la relation avec sa propre femme qui semble "faire partie" du dispositif de sa vie, et qui mènera jusqu'au bout cette "expérience" personnelle recquiérant sa présence... Milgram n'est donc jamais rien d'autre qu'un chercheur, tout le temps, il observe, note cliniquement. Il ne s'embarasse à l'évidence d'aucune émotion superflue et n'a que peu d'empathie envers ses cobayes ou le reste de l'humanité d'ailleurs. Et on se dit bien entendu que si le contexte avait été différent, peut-être aurait-il pu être un de ces scientifiques nazis infligeant des traitements inhumains sans sourciller, pour faire "avancer la connaissance". On pourrait aussi envisager un profil de type "autisme de haut niveau", qui laisserait à tort supposer une froideur émotionnelle par manque de capacité à communiquer et interagir socialement..? Ce serait paradoxal pour un psychosociologue... Bien entendu je n'ai aucune idée sur la véracité du portait psychologique de ce chercheur tel que nous le propose M. Almereyda.
Des décors statiques comme une pièce de théâtre, photographiques, volontairement "faux" comme dans les vieux films où les scènes en voiture étaient tournées sur un fond rajouté ensuite, alternent avec des huits clos parfois bavards et quelques images d'archives. Le dispositif est déroutant mais original, il donne une touche surranée, comme si la forme se voulait raccord avec l'époque où se déroule l'action et son contenu "expérimental", où tout n'est que décor et contexte. C'est un parti pris esthétique que j'ai trouvé très intéressant. C'est un film labellisé "Sundance", proposant plusieurs niveaux de lecture, assez exigeant sur le fond comme sur la forme, mais sans aucun doute déroutant, comme en témoignent les critiques très diverses.

En tout cas si vous avez l'occasion de le voir, vos avis m'intéressent comme toujours ;)
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L'épinard de Yukiko / F. Boilet (2001)

J'ai lu par hasard cette BD, publiée en 2001 par un auteur français vivant au japon. Ici il ne s'agit en aucun cas de manga (je lis très peu de mangas - à la différence de mon chéri ou d'une de nos filles - n'ayant découvert que très tard ce genre, dont les modalités narratives et types de dessins me déroutent et ne m'accrochent pas assez, à mon grand regret). 
Ici nous sommes entre la BD et le roman graphique. L'auteur utilise à l'évidence des dessins réalisés à partir de photos, le tout (re)travaillé sur informatique. Il en résulte des images qui ont le réalisme du roman-photo.

D'histoire il n'y en n'a pas vraiment, c'est un récit d'ambiance, avec très peu de mots, un point de vue subjectif, où l'on observe la jolie Yukiko à travers les yeux de l'auteur narrateur, dans leur intimité sensuelle ou dans des décors typiquement japonais, intérieurs feutrés ou extérieurs urbains dont l'atmosphère est très bien captée. Une relation légère, superficielle mais tendre, il n'est pas question d'amour ici mais d'une rencontre pendant un temps donné et puis chacun repart de son côté, sans s'être attaché, comme si déjà un(e) autre avait pris la place.  

Sur la forme, je dois dire d'emblée que je ne suis pas du tout 'preneuse' du style et de la technique dessin/photo. Je n'en vois pas bien l'intérêt, et malgré toute la virtuosité de l'auteur, j'ai eu la désagréable sensation de voir des photos transformées en dessins comme le font maintenant toutes les appli type photoshop. Le rajout de croquis entre les planches n'apporte rien de plus à l'histoire, juste une 'respiration' visuelle entre les plans très serrés. Par contre ce qui m'a le plus intéressé c'est sans doute le découpage des plans, façon caméra subjective où le sujet est filmé au plus près. J'ai eu l'impression de voir ces vidéos intimes, où un homme capture par l'image chaque détail du visage, chaque expression, chaque pose du corps de sa belle. Mais comme je le disais plus haut, point de sentiment ici, Yukiko reste uniquement dans l'histoire un "modèle", le sujet de la BD, et quand elle part, une autre semble pouvoir la remplacer, comme si elle n'était qu'une japonaise à tee-shirt rayé parmi d'autres. Elle n'est pas non plus victime ou poupée, puisque c'est elle qui prend l'initiative de partir. Au terme de la lecture, je me demande encore si l'auteur a voulu dire quelque chose de lui, ou plus généralement du rapport entre muse et artiste, s'il y a message derrière tout ça, ou si c'est juste un peu creux...

Après ma lecture j'ai confronté mon ressenti aux critiques du net, et constaté à mon grand étonnement que celles-ci sont quasi toutes enthousiastes, parlant d'un style graphique prodigieux et d'une histoire romantique. 

Bon... Si vous avez lu cette BD ou en avez l'occasion, j'attends vos points de vue ! 
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Ma sélection musicale Juin : une ambiance bossa nova bien frenchie

Pour cette première sélection musciale de juin, je suis allée puiser dans mon humeur du moment. Le temps maussade invite au cocooning, mais j'aspire évidemment à ce que l'été arrive enfin, avec ses longues soirées au jardin ou en terrasse, quand on refait le monde autour d'un verre et que plus rien d'autre ne compte que le bien-être du moment, quand il fait aussi bon dehors que dedans...


Une musique qui suscite une mélancolie douce mais apporte la joie simple et la légèreté de l'été... c'est la bossa nova. Plusieurs chanteurs bien de chez nous y ont trempé leurs derniers albums :

Benjamin BIOLAY / Palermo Hollywood


De ce que je constate, Biolay on l'adore ou on le déteste. Il me semble que plein de gens sont braqués contre son image publique, le côté dandy alcoolo et très suffisant, le bellâtre fâné. Moi, franchement je m'en fous. Je ne m'intéresse qu'à ses chansons et depuis ses premiers albums, j'aime. C'est brillant, c'est riche, sur le fond, sur la forme, ramage et plumage, textes et musiques, c'est somptueux. Peut-être trop parfois, trop de violons, trop de tout. Mais c'est de la haute gastronomie. Cet album s'inscrit complètement dans la lignée des précédents, il plaira donc forcément aux fans. Le thème de l'Argentine apporte un peu de nouveauté, un voyage musical comme celui qu'il avait proposé aux States avec 'Rose Kennedy' il y a 15 ans déjà...

Pauline CROZE / Bossa Nova

Je ne connais Pauline Croze que de nom, j'avoue. Je l'ai entendue récemment dans une émission radio faire la promo de cet album, que j'ai eu envie d'écouter.  J'ignorais qu'il s'agissait un album de reprises de chansons très connues, françaises ou étrangères, qui sont soit des standards bossa nova, soit adaptées à ce style musical, dans une grande simplicité voix/guitare, avec quelques duos. C'est avec plaisir que j'ai ré-entendu "Les eaux de mars", "A girl from Ipanema", "Fait comme l'Oiseau", "Ah tu verras" ou "Jardin d'hiver" (le fil rouge avec Biolay !). Une ambiance douce et agréable, mais cependant - très subjectivement - la voix assez grave de Pauline Croze ne m'a pas enthousiasmée sur ces chansons, et je dois dire que cet album m'a surtout donné envie de ré-écouter les versions originales et de me replonger dans une authentique ambiance brésilienne comme celle incarnée par la merveilleuse Bebel Gilberto, une intemporelle bande son pour l'été. Il faudra quand même que j'aille jeter une oreille sur les précédents albums de Pauline Croze, promis ;)

Christophe MIOSSEC / Mammifères


De Miossec, j'avais aimé les premiers album, et vraiment adoré "1964" et "L'étreinte" avec des chansons fortes comme "Brest" ou "30 ans". Ses albums plus récents pourtant salués par la critique m'avaient semblé plus fades, très secs musicalement, et un peu des copiés collés des précédents. Dans ce nouvel album, le chanteur s'entoure de super musiciens et propose des compositions beaucoup plus riches et travaillées, avec l'apport original de l'accordéon - qui donne une touche sud américaine très plaisante - du violon ou de la mandoline, mais aussi quelques rythmes presque electro très modernes. On bouge, on a envie de taper dans les mains, ça change ! Je n'ai pas toujours accroché à la voix très patinée de Miossec, mais elle évite un côté trop léché qui perdrait en humanité. Un très bel opus !

Tous ces albums sont en écoute sur Spotify & Co. alors j'attends vos avis !

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